L'église polonaise de Waziers classée au patrimoine de l'Unesco
Notice
Notre Dame des Mineurs, l'église des Polonais de Waziers a été construite par Louis Cordonnier dans les années 20. Il dessine la nef sur le modèle d'une galerie de mine avec des piliers de soutien en béton, des soubassements en bois, une nef et des bas-côtés de même hauteur. Elle a failli fermer en raison de sa vétusté mais des bénévoles ont rassemblé la somme nécessaire à sa rénovation. Témoignages de Thérèse Malecki (trésorière de l' association Sauvegarde Notre Dame des Mineurs) et d'Irène Krolikowski (vice trésorière). Notre Dame des Mineurs est avec la cité toute proche de La Clochette, candidate au patrimoine mondial de l'Unesco.
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Éclairage
L'église Notre-Dame des Mineurs a été édifiée entre 1924 et 1927 à Waziers par la compagnie des Mines d'Aniche d'après les plans de l'architecte Louis-Marie Cordonnier. Elle atteste le rôle historique qu'ont joué les traditions catholiques pour l'immigration polonaise dans le bassin minier. Le lien très étroit établi entre catholicité et définition de l'identité nationale polonaise se continue en effet chez les migrants venus travailler dans les Mines au cours des années 1920 . La pratique religieuse, les sociabilités associées (sociétés Sainte-Barbe ou Saint-Michel, Femmes du Rosaire, Association catholique de la jeunesse polonaise) forment un lieu essentiel de l'entre-soi pour la première génération d'immigrés, même si elles constituent au départ une frontière supplémentaire entre les Polonais et des mineurs français déjà profondément laïcisés. Ce particularisme religieux est encouragé sur le plan national par la Mission catholique polonaise de Paris et sur le plan local par les compagnies minières, qui voient en lui une garantie de la docilité de la main d'œuvre. Des aumôniers et bientôt des prêtres polonais sont donc envoyés pour encadrer les cités ouvrières. Les compagnies soutiennent de surcroît la construction d'églises ou de chapelles polonaises : Notre-Dame des Mineurs, comme au même moment la chapelle Saint-Joseph d'Oignies ou l'église Saint-Stanislas de Dourges. La messe y est dite en polonais et le décor, les cérémonies liturgiques, les chants, contribuent à faire de ces églises un lieu où les migrants se sentent chez eux.
On aurait pu penser qu'avec le temps, avec la francisation des deuxièmes et troisièmes générations, ce rapport tout à fait singulier au catholicisme s'effacerait. Cela n'est qu'en partie vrai. En 1966 encore, on inaugure à Lens l'église du Millenium, à l'occasion de la commémoration du millième anniversaire du baptême de la Pologne. Sans doute au même moment le cadre des cités minières, dans lequel s'étaient enracinées les "petites Polognes", s'effrite-t-il de plus en plus. Sans doute la pratique religieuse connaît-elle également une lente érosion. Reste que le rapport entre catholicité et polonité persiste en partie, comme l'attachement, chez certains descendants des migrants, aux anciennes églises polonaises des Mines . C'est cet attachement et la continuation d'une sociabilité revendiquant l'héritage de la culture polonaise qui permettent la préservation de l'église de Waziers, en l'occurrence ici à travers le rôle joué par l'Association pour la sauvegarde de l'église Notre-Dame des Mineurs. Les efforts des membres de l'association sont de surcroît soutenus par la dynamique patrimoniale qui se fait jour dans le bassin minier à partir des années 1990. Notre-Dame des Mineurs est classée comme monument historique au printemps 2010, peu après d'autres sites miniers. Elle est intégrée au périmètre reconnu par l'UNESCO en 2012. Témoin d'une identité singulière, Notre-Dame des Mineurs trouve en même temps ainsi une fonction plus générale, rappelant la part de la culture des migrants dans l'histoire du bassin minier.
Janine Ponty, Les Polonais du Nord ou la mémoire des corons, Paris, Editions Autrement, 1995.